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HISTOIRE GEOGRAPHIE CITOYENNETE

travail sur documents

Si c'est un homme, Primo Levi, 1947, l'extermination de l'autre soi-même - classes de 3e et de terminale

27 Mars 2020, 20:51pm

Publié par histege

Si c’est un homme, Primo Levi, extrait

« La portière s'ouvrit avec fracas ; l'obscurité retentit d'ordres hurlés dans une langue étrangère, et de ces aboiements barbares naturels aux Allemands quand ils commandent, et qui semblent libérer une hargne séculaire. Nous découvrîmes un large quai, éclairé par des projecteurs. Un peu plus loin, une file de camions. Puis tout se tut à nouveau.

Quelqu'un traduisit les ordres : il fallait descendre avec les bagages et les déposer le long du train. En un instant, le quai fourmillait d'ombres ; mais nous avions peur de rompre le silence, et tous s'affairaient autour des bagages, se cherchaient, s'interpellaient, mais timidement, à mi-voix.

Une dizaine de SS, plantés sur leurs jambes écartées, se tenaient à distance, l'air indifférent. À un moment donné, ils s'approchèrent, et sans élever la voix, le visage impassible, ils se mirent à interroger certains d'entre nous en les prenant à part, rapidement. "Quel âge ? En bonne santé ou malade ?" et, selon la réponse, ils nous indiquaient deux directions différentes. [...]

En moins de dix minutes, je me trouvai faire partie du groupe des hommes valides. Ce qu'il advint des autres, femmes, enfants, vieillards, il nous fut impossible alors de le savoir : la nuit les engloutit, purement et simplement. Aujourd'hui pourtant, nous savons que ce tri rapide et sommaire avait servi à juger si nous étions capables ou non de travailler utilement pour le Reich ; nous savons que les camps de Buna-Monowitz et de Birkenau n'accueillirent respectivement que quatre-vingt-seize hommes et vingt-neuf femmes de notre convoi et que, deux jours plus tard, il ne restait de tous les autres — plus de cinq cents — aucun survivant. [...]

Ainsi disparurent en un instant, par traîtrise, nos femmes, nos parents, nos enfants. [...] À leur place surgirent alors, dans la lumière des lanternes, deux groupes d'étranges individus. Ils avançaient en rang par trois, d'un pas curieusement empêtré, la tête basse et les bras raides. Ils étaient coiffés d'un drôle de calot et vêtus d'une espèce de chemise rayée qu'on devinait crasseuse et déchirée en dépit de l'obscurité et de la distance. Ils décrivirent un large cercle de manière à ne pas trop s'approcher, et se mirent en silence à s'activer autour de nos bagages, faisant le va-et-vient entre le quai et les wagons vides. Nous nous regardions sans souffler mot. Tout nous semblait incompréhensible et fou, mais une chose était claire : c'était là la métamorphose qui nous attendait. Demain, nous aussi nous serions comme eux. »

         Primo Levi, Si c’est un homme, © Éditions Julliard, 1987 ; Turin, 1947 pour la première édition, en italien.

L’auteur est Italien, de famille juive, ingénieur chimiste, déporté à Auschwitz en 1944-1945. Écrivain, il a publié plusieurs ouvrages, dont ce récit autobiographique. Il s’est suicidé ou est mort accidentellement en 1987, le doute demeure sur les circonstances de sa mort.

 

Questions :

Toutes les réponses doivent être rédigées. Vous vous appuierez d’abord sur des informations tirées du texte.

1) Qui fait le tri à l’arrivée des déportés ?

2) Sur quelle autre population s’appuient les gardes pour faire fonctionner le camp ?

3) Quels critères sont utilisés pour faire le tri des déportés qui arrivent dans le camp ?

4) Expliquez le passage suivant : « Tout nous semblait incompréhensible et fou, mais une chose était claire : c'était là la métamorphose qui nous attendait. Demain, nous aussi nous serions comme eux. »

5) À partir d’informations tirées du texte et de vos connaissances, expliquez ce que deviennent les deux catégories de déportés après le tri ?

 

© Histege – A. Sadki  mars 2020

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La laïcité à l'école

24 Novembre 2019, 18:53pm

Publié par histege

LA LAÏCITÉ À L’ÉCOLE

 

I/ Travail sur document 1 : la Charte de la laïcité à l’école (extraits) :

Article 3 : « La laïcité garantit la liberté de conscience à tous. Chacun est libre de croire ou de ne pas croire. Elle permet la libre expression de ses convictions, dans le respect de celles d’autrui et dans les limites de l’ordre public. »

Article 6 : « La laïcité de l’École offre aux élèves les conditions pour forger leur personnalité, exercer leur libre arbitre et faire l’apprentissage de la citoyenneté. Elle les protège de tout prosélytisme et de toute pression qui les empêcheraient de faire leur propre choix. »

Article 9 : « La laïcité implique le rejet de toutes les violences et de toutes les discriminations, garantit l’égalité entre les filles et les garçons et repose sur une culture du respect et de la compréhension de l’autre. »

Article 11 : « Les personnels ont un devoir de stricte neutralité : ils ne doivent pas manifester leurs convictions politiques ou religieuses dans l’exercice de leurs fonctions. »

Article 12 : « Les enseignements sont laïques. Afin de garantir aux élèves l’ouverture la plus objective possible à la diversité des visions du monde ainsi qu’à l’étendue et à la précision des savoirs, aucun sujet n’est a priori exclu du questionnement scientifique et pédagogique. Aucun élève ne peut invoquer une conviction religieuse ou politique pour contester à un enseignant le droit de traiter une question au programme. »

Article 14 : « Dans tous les établissements scolaires publics, les règles de vie des différents espaces, précisées dans le règlement intérieur, sont respectueuses de la laïcité. Le port de signes ou tenues par lesquelles les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit. »

Questions

1) Peut-on obliger un enfant à croire ou à ne pas croire ? Justifie ta réponse. (2 points)

2) Comment doit se comporter un enseignant par rapport à laïcité ? Quels articles en parle ? (2 points)

3) Un enfant, des parents, un groupe social ou religieux peut-il imposer un sujet d’étude à un professeur ou interdire d’assister à un cours particulier ? Quel article répond à cette question ? (2 points)

4) Que veut dire la phrase suivante qui s’applique à l’école : « Le port de signes ou tenues par lesquelles les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit. » (2 points).

 

II/ Travail sur document 2 : la laïcité dans les bâtiments publics ; l’exemple des crèches de Noël

 

« Le 9 novembre 2016, le Conseil d’État (tribunal suprême pour les questions administratives et publiques) a rendu une décision sur la légalité (respect des lois) des installations temporaires de crèches de Noël dans les bâtiments publics (mairies, etc.) eu égard au principe de laïcité.

Le Conseil décide que :

- au nom de la neutralité des personnes publiques à l’égard des cultes, l’installation de signes ou d’emblèmes qui manifestent la reconnaissance d’un culte ou marquent une préférence religieuse est interdite ;

- les crèches de Noël peuvent cependant avoir plusieurs significations et elles ne présentent pas toujours un caractère religieux (traditions locales pour les fêtes de fin d’année, etc.).

En conséquence, le Conseil d’État juge que l’installation d’une crèche par une collectivité publique dans un bâtiment public est possible quand la crèche présente un caractère culturel, artistique ou festif. En revanche, elle est interdite si elle exprime la reconnaissance d’un culte ou marque une préférence religieuse.

Pour déterminer le caractère culturel ou festif, le Conseil d’État tient compte du contexte et des conditions particulières de l’installation, de l’existence ou pas de traditions locales et du lieu de l’installation. Ainsi, dans un bâtiment public comme une mairie, l’installation d’une crèche par une personne publique n’est en principe pas conforme au principe de neutralité, sauf si des circonstances particulières permettent de lui reconnaître un caractère culturel, artistique ou festif. Sur le fondement de ce principe, le Conseil a jugé illégale l’installation d’une crèche dans l’Hôtel de ville (mairie) de Melun car elle ne résultait d’aucun usage local et qu’elle n’avait aucun caractère artistique ou festif. »

D’après http://www.vie-publique.fr/focus/laicite-creches-noel-decision-du-conseil-etat.html, 10 novembre 2016.

 

  1. À partir du 9 novembre 2016, à quelles conditions l’installation d’une crèche de Noël est-elle interdite dans les bâtiments publics ? (2 p)
  2. De même, à quelles conditions cette installation est-elle désormais possible dans les bâtiments publics ? (2 p)
  3. Expression libre : penses-tu qu’on peut admettre l’installation d’une crèche de Noël, par exemple dans une mairie ? Rédige, développe et justifie ta réponse, par exemple en présentant des arguments pour et/ou contre. (3 p)
  4. Penses-tu qu’une telle installation respecte les principes de la laïcité définie par la loi de 1905. Justifie votre réponse. (3 p)

 

III/ Explique si, selon toi, la laïcité permet de mieux vivre ensemble en France ou pas. Pourquoi ? (2 p)

 

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